Morel à l’extrême: “Les 10 pires chansons de la Belle Province”
Aujourd’hui, je vous propose une nouvelle lecture en format plus dur, plus dark. Le texte qui suit est signé Alex Morel, blogueur régulier de St-Hya & chroniqueur pour le ZOOM. Alex écrit en anglais sur son blog MySpace, mais pour une occasion spéciale, il a demandé à pouvoir publier un texte en français sur mon blog. Pour différencier ses textes des miens, j’ai mis le fond noir… Bonne lecture!
Donc, définition de l’amertume: À quatre ans, je quitte Trenton, ON pour venir m’établir avec mes parents dans la ville la plus francophone en Amérique. Ici, on utilise des expressions discriminatoires comme “têtes carrées”, et l’apprentissage de la langue officielle du pays est découragé par les francophones sous-éduqués de la classe ouvrière qui ont une foi inébranlable en la loi 101…
Mon grand-père, à sa mort, me lègue une passion pour la musique sous la forme d’albums vinyle du Fab Four, des Stones, Hendrix, Sabbath, Rush et Genesis; pendant ce temps, la radio locale CFEI diffuse le pop franco du moment, subtilement entrecoupée de 3 tounes de Céline à l’heure…
Quand l’esprit d’un enfant est bombardé de publicités, le grand M jaune devient symbole de bonheur. Quand son ouïe est enveloppée par les virtuoses en bas âge, il n’accepte que rarement la facilité musicale et l’insipidité du pop. Et, si par malheur cette musique omniprésente s’avère être dans la langue de ceux qui le condamne pour son statut de “minorité entendable”, il se fond dans une carapace de langue maternelle et apprend les caprices de l’autre par obligation…
Lorsque la fin des classes arrive, le Québec entier choisit le 24 juin comme prétexte idéal pour aller dégobiller sur les Plaines où la vertueuse France a abandonné sa colonie aux mains des méchants Anglais. Cette célébration de l’ivresse et de la chanson provinciale qui porte à outrance le nom de fête Nationale est un supplice pour mes oreilles (et mon foie) depuis plusieurs années et j’ai décidé que dorénavant je fêterais avec les autres (pour profiter du congé) en affichant fièrement mon VRAI nationalisme…oui, je fêterai dans l’uniforme des Maple Leafs…
Voici donc des chansons qui irritent mon oreille autant que des clous rouillés dans un condom. J’ai évité les classiques de la Bolduc et de Félix Leclerc, pour leur caractère trop fleurdelisé, et les one-hit wonders produits et/ou surpopularisés par 7 Jours et autre littérature discutable gracieuseté de Québécor Média…
10- La Danse à St-Dilon/ Gilles Vigneault: Il faut donner du mérite à l’interprète qui rappait avant son temps, mais les paroles qui déferlent à un rythme infernal et parlent d’un genre de party ne sont pas le problème. Le gros problème, c’est la musique folklorique en général. De l’accordéon et du violon, joués ensemble, ça perce le tympan et ça agace. Bref, un propos simple qui aurait été mieux servi sous la forme d’un conte oral…
9- Y a pas grand chose dans l’ciel à soir/ Paul Piché: Encore une fois, problème de débit, tout ce qu’il y a d’intelligent dans le contenu passe en deuxième après les refrains accrocheurs et terriblement pertinents de “ Dimelada-dimelada â€â€¦
8- The Frog song/ Robert Charlebois: Vous rappelez-vous, le gars qui a vendu Unibroue à l’Ennemi Sleeman d’Ontario? Il a aussi un jour eu la brillante idée de composer une chanson qui dépeint la réalité de la classe moyenne avec un refrain qui parle de complètement autre chose. En fait la moitié des paroles sont en anglais, mais c’est pas trop grave ; c’est comme ça que les Québécois parlent français…
7- Pleurs dans la pluie/ Mario Pelchat: Okay, j’ai dit que je ne m’attaquais pas aux one-hit wonders, mais faire une toune d’Amour avec des paroles si prévisibles, de la poésie de dos de boîte de céréales et une trame musicale qui s’agence aussi bien avec une salle d’attente de dentiste qu’avec une overdose de Jack et de Valium…admettez qu’il mérite sa semaine de concerts à guichets fermés au marché aux puces Métropolitain…
6- N’importe quelle pièce de Starmania/ Luc Plamondon: Le monde est stone, entre autres. C’était un gros défi de faire un opéra rock en français et son projet d’envergure a marché, mais à force de se retaper la trame sonore hors contexte, on finit par avoir envie de se cacher sous des verres fumés à perpétuité. Il y a trop de passages semi-progressifs prétentieux là -dedans et le chœur sonne comme s’il était conscient que leur rôle est non-crédité…quand la voix a l’air de ne pas avoir le goût de chanter, moi je change de poste…
5- Vivre dans la nuit/ Nuance: Oui, c’est leur seul succès, mais comment expliquez-vous qu’on l’entende encore et encore, année après année, et que le groupe responsable de cette torture auditive n’ait pas pensé à remasteriser leur seul album pour corriger la voix atroce qui fausse pendant ces 5 interminables minutes ?
4- Tassez-vous de d’la/ Les Colocs: Oh, non ! Même s’il s’est tué et qu’il a été élevé au rang de martyre tel le Kurt Cobain de la province, ça ne m’empêchera pas de souligner le fait que le reggae n’a rien à voir avec la musique québécoise et que les deux-trois lignes de paroles insignifiantes, ensuite répétées dans un jargon bizarre, font pas mal trop pitié quand elles sont chantées par un gros groupe de deux de quotient qui la trouvent drôle par état d’ivresse cannabique…
3-Le phoque en Alaska/ Beau Dommage: Premièrement, si les membres du groupe avaient terminé leur secondaire à place de lâcher pour se consacrer à leur tounes de pseudo-hippies, ils seraient au courant que l’Alaska est un État Américain et que leur métaphore Marinelandesque dans une chanson d’amour fait autant dur que l’outro psychédélique à faire vomir qui termine cette horreur…
2- Ayoye/ Offenbach: J’ai pris la peine de copier/coller la grande poésie du défunt Gerry Boulet pour ne pas me faire accuser d’être le genre de gars qui aime fesser sur un cadavre…
Ayoye, tu m'fais mal À mon coeur d'animal L'immigré de l'intérieur Tu m'provoques des douleurs Tu m'fais mal au coeur Nous n'sommes pas pareils Et pis pourtant On s'émerveille au même printemps À la même lune, aux mêmes coutumes Nous retournerons ensemble Comme as cendre au même soleil Si le vent frappe à ma porte Pour m'annoncer le réveillon Je partirai comme une marmotte, Au soleil, À ses premiers rayons Parmi les roseaux Cueillir l'oiseau du paradis À coup de grelots À son de whiskey Chantez la toune comme papillon qui tourne Ayoye, tu m'fais mal à mon coeur d'animal...
Wow, juste wow…par contre, si c’était juste de la musique, ça aurait pu faire un excellent blues…en anglais…
1- Pied de poule/ Marc Douin: La musique faite par un Casio cheap alimenté par des batteries déchargeables du Radio Shack a malgré elle contribuée au succès discutable de cette comédie musicale. J’ai vu la pièce, montée par une troupe de jeunes de 10-12 ans, et c’était effectivement bien adapté pour leur genre de public…jusqu’à ce que je porte une attention plus particulière aux paroles. Des sujets très joyeux : À marchait dans rue/ Quand un individu/ Armé d’un long couteau pointuLui a sauté dessus/ On l’a retrouvée en mille morceaux,[…] À venait de prendre une pilule pour dormir/ Le feu a pogné au rez de chaussée/ A voulu fuir/ A senti ses jambes ramollir/ On l’a retrouvée dans l’escalier/ Calcinée […]Y venait de faire isoler sa maison/ Sa femme pis ses deux bébés sont morts du cancer/ Y pensait jamais/ Que l’isolant/ L’isolerait autant[…] qui précèdent un refrain mémorablement dissonant et tellement désagréable que je n’ai jamais compris pourquoi cette toune-là a marché tant…
…mais au Québec, on est fiers de notre culture et de notre belle chanson…
I rest my case…