À la découverte des vendeux

Souvent, les gens critiquent mais ils n’ont pas tous les faits ni l’expérience pour que leurs critiques soient véritablement pertinentes ou prises au sérieux. Alors, avant de critiquer je vais énumérer un peu mon background. Je m’intéresse à l’informatique et l’électronique, et malgré que je ne sois expert en l’un ou l’autre, je crois que j’en sais assez pour me débrouiller par moi-même et comprendre la plupart des informations qu’on retrouve à ce sujet. Ensuite, j’ai travaillé 4 ans en service à la clientèle dans le département de l’électronique du Wal-Mart de St-Hyacinthe. Je me considérais un conseiller, et non un vendeur, principalement dû au fait que je n’étais pas payé à la commission.

Ceci dit… je peux me permettre de critiquer maintenant!

J’ai quelque peu pogné les nerfs après des vendeux au Future Shop dimanche dernier. Il était environ 16h30, et j’étais avec mon gars aux Promenades St-Bruno. J’ai décidé d’aller au Future Shop pour errer un peu et voir les spéciaux de dernière minute. Le magasin fermait à 17h, et je n’avais donc aucune intention d’acheter quoi que ce soit. J’y allais simplement pour flâner et regarder ce qu’il y avait de bon.

William assis dans ce panier unique à Future Shop, je commence à faire le tour complet du magasin. À noter que ce magasin des Promenades St-Bruno semble beaucoup plus petit que les autres succursales que j’ai visitées. Et comme c’est la période lucrative des fêtes et qu’il faut vendre vendre vendre, il y avait beaucoup de boîtes un peu partout dans les rangées, ce qui rendait la conduite de leur foutu panier-semi-chariot un peu plus ardue.

Donc, je pars vers ma gauche, vers les rangées d’accessoires d’informatique. Je vais au bout de la première rangée, et je fais le tour en longeant le mur du magasin, là où j’arrive à passer avec mon semi-remorque. Je vois de la RAM, je parle un peu à Will en disant que “Tiens, papa a besoin de ram pour son ordinateur à la maison”. Will, il est fatigué alors il ne répond pas grand chose. Il a plutôt l’air zombie… Je regarde un peu les écrans d’ordinateur. Je n’en ai pas besoin, mais je me demande quand est-ce que les écrans tactiles seront sur le marché, abordables pour le grand public. J’en ai utilisé un au Monkey, et j’ai vraiment aimé ça. J’avance encore un peu dans la rangée…

POUF! Un vendeux!

L’homo-sapiens vendeux politessus
Le vendeux vient me voir et me demande si on m’a répondu. Alors là, je le regarde un peu surpris, et je me met à rire. Je lui dit “En fait non, on ne m’a pas répondu, mais c’est peut-être parce que je n’ai pas posé de questions encore, faque on peut pas vraiment me répondre.” Le vendeux semblait un peu ébranlé, mais pas plus qu’il faut. Il faut préciser que plus un vendeux a de l’expérience, moins surprit il sera des répliques des clients. Le vendeux en captivité est toujours plus alerte que le vendeux sauvage…

Rappelez vous qu’un vendeux affolé par votre présence peut être rapidement domestiqué si vous lui laissez la possibilité de vous démontrer un intérêt. Donc, afin de ne pas affoler mon vendeux et surtout de mettre un terme rapide à son attachement envers moi, je lui dit: ”Je n’ai pas besoin d’aide, merci”. Cliché mais toujours efficace. Tel la cloche de Pavlov, le vendeux se retire poliement et me laisse continuer mon flânage sans plus.

Je continue mon chemin, et j’arrive près du département des appareils photos et caméras vidéo. Là je dis à Will “Ah, papa va peut-être se payer une caméra vidéo comme gros cadeau de noël.” J’en vois justement une à terre qui est semblable à celle qu’un ami m’a prêté dernièrement. Alors je prend la boîte pour lire un peu ce qui est inscrit dessus, sans trop d’intérêt. Il n’y a pas énormément de détails, mais ce n’est pas grave, il est comme 16h40, et je ne fais que regarder pour réfléchir tranquillement…

POUF! Un autre vendeux!

L’homo-sapiens vendeux nerdicus
Celui-ci s’en vient rapidement, me demandant si je veux des informations sur la caméra vidéo. Légèrement agacé, je lui dis que non, que je peux les lire sur la boîte. Il me dit que les infos plus détaillées sur la caméra ne sont pas toutes marquées sur la boite… Certains vendeux ont appris à bien contrer les répliques des clients. Un bon vendeux apprend généralement assez vite car il en va de sa survie dans cet environnement…

Alors je lui dit que c’est sûr qu’ils ne marquent pas tout sur la boite, mais si je voulais vraiment magasiner une caméra vidéo, j’irais sur internet pour regarder les reviews puis j’irais sur le site web du fabricant pour avoir plus d’infos techniques détaillées. Je ferais ensuite mon choix tranquille chez nous… pas dans un rush des fêtes, à moins d’une demi-heure de la fermeture d’un magasin, avec un vendeux à pression qui veut clore une autre petite vente avant la fermeture du magasin. Le vendeux est un animal sélectif. Il écoute plus l’appel de la vente que l’appel du client…

À moi-même, je me suis dit: “Quand mon choix sera fait, je viendrai alors dans le magasin, je prendrai la caméra que je veux, sans demander d’aide à personne, et j’irai la payer en disant qu’aucun vendeux ne m’a aidé, parce que je suis capable de me renseigner tout seul”.

Je n’ai pas besoin d’aide, merci. Deuxième vendeux écarté de mon chemin. Je commençais déjà à pomper un peu. Et pour cause, je n’avais même pas fait la moitié du magasin encore… Alors je continue, me frayant difficilement un chemin dans les allées trop serrées, et je me retrouve dans le territoire des grosses TV au plasma que tu peux voir les points noirs de Brad Pitt dessus… Là je regarde surtout pour des lecteurs dvd parce que je veux en acheter un pas trop cher en cadeau à quelqu’un. Je vois la rangée un peu plus loin, mais le chemin est risqué…

L’homo-sapiens vendeux, en troupeau
Un troupeau de vendeux bloque ma route. Lorsque les vendeux cherchent un peu de réconfort, ils s’amassent en troupeau afin de discuter de leurs rencontres plus ou moins fructifiantes avec des clients. Un seul vendeux, ça va. Mais là, il y avait 5 ou 6 vendeux, bien attroupé (peut-être en quête de chaleur). Ça ressemblait à un rond-point de département. Vous savez, ce genre de jonction où plusieurs départements se rencontre en un coin. Un carrefour, une intersection. Un endroit idéal pour laisser paître librement les vendeux…

Je n’avais qu’un seul atout avec moi: le fameux panier-tasse-toé-ou-j’te-casse-le-molet. Même un attroupement de vendeux craindra ce mastodonte… Alors, prenant mon courage à deux mains et une grande respiration, je me dirige d’un pas décidé vers l’attroupement, et je le traverse sans ralentir ma cadence. Je retient mon souffle, afin d’éviter que le rythme accéléré de ma respiration ne sonne l’alerte. Les vendeux peuvent détecter votre rythme cardiaque et le moindre soupir peut également être un indicateur pour eux… Les vendeux sont une espèce très évoluée au niveau sensoriel.

Mais ma grande expérience avec les vendeux m’aura permi de passer inaperçu au travers le troupeau. J’ai évité leur sens affûté et je peux donc continuer mon chemin vers la rangée de lecteurs DVD. Et je les regarde, tranquillement. William est accoté sur mon bras… Mais voilà que malheur s’empare de notre expédition: il est fatigué, alors il soupire. Mes yeux s’écarquille alors que je ressent le troupeau de vendeux remuer frénétiquement… Mon rythme cardiaque s’accélère, je sais que j’ai été débusqué…

Tension
Un vendeux s’approche. Je le vois du coin de l’oeil. Règle très importante pour maximiser vos chances de survis: en aucun cas vous ne devez regarder un vendeux dans les yeux. Ce contact intime abaissera rapidement toute protection que vous avez et attirera un vendeux confiant en un rien de temps. Je garde en mémoire ce conseil vital, et le vendeux s’emmène tranquillement. Je continue à regarder les DVD attentivement, tentant désespérément de contrôler ma respiration. Le vendeux semble perplexe dans ses mouvements. Peut-être a t’il senti que je suis sur mes gardes… Comme s’il se doutait que j’étais pour lui dire de rester dans son troupeau, bien au chaud parmi ses comparses… Le vendeux n’est pas con, mais sa recherche constante de vente accentue sa témérité.

…il arrive, fait quelques pas encore, et j’entend sa bouche ouvrir, prête à m’aborder avec une question fatidique. Ma survie ne tient qu’à une fraction de seconde. Je me dois de réagir pour le déstabiliser, et ce immédiatement. Alors qu’il est à moins d’un mètre de moi, je lève mon bras et lui présente ma main, sans le regarder bien sûr. Je continue à regarder les DVD, et je lui dit: “Je sais ce que tu vas me demander, et puis non. Je n’ai pas besoin d’aide. Merci.”

Je suis sur le stress. Cette tactique est très peu commune, et je ne sais pas comment mon vendeux réagira. Un vendeux peut être très imprévisible lorsque placé dans une situation inusitée. Alors que faire? Ne pas lui donner de chance de répliquer, et continuer à le déstabiliser.

“C’est juste que je n’ai pas fait la moitié du magasin que je me suis fait accosté maintenant 3 fois. Si j’avais besoin de quelqu’un, en cette belle journée pré-noël, je vois qu’il y a en masse de vendeurs pour me répondre.” Il est très important de ne pas utiliser le terme vendeux ici, un nom scientifique plus juste, mais auquel la majorité ne reconnaissent l’utilisation. Un vendeux pourrait être offensé car le vendeux prend fierté à être ce qu’il est mais n’aime pas être classé froidement.

Je lui spécifie que si je voulais acheter, je ne serais pas venu à la dernière minute en plein rush des fêtes. Je lui mentionne également que j’ai déjà été commis à l’électronique du Wal-Mart pendant 4 ans et que, contrairement à eux qui sont des vendeurs, nous étions des conseillers et n’achalions pas les clients…

L’homo-sapiens vendeux sociabilis
Futé ce troisième vendeux, il me répliqua qu’il ne pouvait pas faire autrement que d’aborder les gens parce que ses boss surveillent les ventes. S’ils ne font pas de ventes, alors ils se le font reprocher. Le pauvre vendeux pourrait alors perdre sa place au sein du troupeau et devra retourner à l’état sauvage… Pour plusieurs vendeux déchus, déshonneur et honte s’ensuivent.

Je suis touché par son histoire empreinte de drame. Je lui dit que je le comprend, et que ma réaction n’était en rien personnelle envers lui. Un moment d’échange sur son environnement de travail et sur sa journée m’aura par la suite permit de  mieux apprécier l’aspect difficile de sa captivité.

On s’est serré la main en signe de respect… Il alla rejoindre son troupeau de vendeux, et moi je me dirigâme vers la sortie en évitant l’autre moitié du magasin…

Ce soir, je m’endormirai en rêvant à cette aventure hors du commun dans le milieu de captivité des vendeux. Si vous êtes un dur et que vous aimez le risque, alors n’hésitez pas à affronter les vendeux dans cet habitat unique. Un sport extrême qui vous fournira adrénaline comme peu d’autre peuvent le faire…

One Response to À la découverte des vendeux


Comments

  1. Comment par Alex Morel | 2007/12/29 à 16:30:41

    Une anecdote si banale racontée de manière captivante, un peu comme un Jaws ou un E.T. ou un Miracle de la 34e rue qui n’a pas passé 8 fois dans la semaine qui précède Noël…


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