Les framboises à 1¢
“7h du matin. La nuit ne mène à rien.
Dis qu’est-ce que tu dirais si j’te disais reviens…”
Y’a quoi à dire à 7h du matin? D’ailleurs, qu’est-ce que je fais debout si tôt? J’ai toussé toute la nuit, j’ai la gorge enflée, dans moins d’une heure je vais sûrement avoir mal au coeur… J’ai pas envie de rester debout, c’est pas mon rythme de vie habituel. Alors pourquoi je suis debout?
Avez-vous connu les framboises à 1¢ ? Petits jujubes rouges en forme de framboises. Est-ce que ça existe encore à l’unité? Avec l’inflation, elles doivent être rendu 5¢. Lucy m’a rappelé un discours que j’ai tenu à propos des taxes sur les framboises à 1¢. À quel moment on commence à les charger? Si l’on prend 5 framboises à 1¢, est-ce qu’on nous charge les taxes? 0.69¢ de taxes? Peut-être qu’on nous les charge quand ça donne 1¢ de taxes. Genre à 8¢. Est-ce qu’on pourrait aller chercher 5 framboises à 1¢ dans un dépanneur, sortir et les mastiquer allégrement, puis se rendre compte que la faim nous tenaille encore et revenir dans le dépanneur pour en prendre 5 autres framboises à 1¢ et ainsi de suite, sans payer de taxes? Est-ce qu’on pourrait crosser le gouvernement avec ce fin stratagème?
Vous savez, en ces jours sombres empreints de terrorisme, de tueries, de bactérie C Difficile et de Jean Charest, il y a une source d’horreur qu’on semble ne pas avoir remarqué. Ce sont ces mêmes framboises à 1¢. Pourquoi pensez-vous qu’elles sont maintenant confinées à un bac de plexi-glass que seul un commis de dépanneur peut manipuler? Armé d’un petit sac brun, d’une mini-pelle et de gants protecteurs, ce commis boutonneux risque sa vie chaque fois qu’un pré-ado-pré-pubaire ose lui demander des framboises à 1¢. Elles sont dangeureuses! Elles sont contaminés de toutes les maladies infantiles que l’on peut trouver sur cette planète! La picotte, la varicelle, la jaunisse, les oreillons! Et à cause de qui? À cause de ma génération, la génération X. Celle qui pouvait piger à même la boite de framboises à 1¢ et s’en tirer à bon compte. Nous avons déposé tous nos germes dans ces amas de jujubes rouges, et la prolifération s’est faites insidieusement sans que personne ne s’en doute. Notre but était de détruire les boomers… semblerait qu’on se soit légèrement trompé.
“Yé 7h du matin. La nuit ne mène à rien.
Dis qu’est-ce que tu dirais si j’te disais…
…oh et puis rien.”